20 Avril 2013
Le testing musculaire est un test utilisé en posturologie clinique. Il est considéré comme un test opérateur dépendant et trop souvent assimilé à un test de kinésiologie.
Le premier testing musculaire à caractère postural est le test des abducteurs qui a été mis en place par P.Guillaume, Ostéopathe.
Ce test permet d'apprécier l'influence de certains capteurs par rapport à l'équilibre de force réparti dans le sytème postural à travers un membre supérieur et sa ceinture scapulaire.
Le praticien peut donc apprécier soit la force isométrique ou soit la qualité du tonus des muscles abducteurs d'un membre sup en faisant varier certaines conditions environnementales et sensorielles mettant en situation les différents capteurs du système postural d'aplomb.
Patient debout :
- sur sol dur influence du capteur plantaire
- sur sol mousse neutralisation du capteur plantaire et influence du capteur proprioceptif podal
Patient assis :
- neutalisation du capteur podal et influence des capteurs proprioceptifs rachidiens
Suivant certaines conditions posturales particulières :
- Yeux ouverts pour l'influence visuelle réfractive accommodative avec cible à moins de 5 mètres et yeux fermés pour l'influence proprioceptive dépendant alors de la position du patient au moment du test
- avec version oculaire pour l'influence occulomotrice
- avec rotation cervicale pour l'influence du capeur cervical
- avec ou sans contact dentaire pour l'influence occlusale et avec ouverture mandibulaire pour l'influence mandicatrice
- avec déglutition et position de langue haute pour l'influence linguale
Les influences proprioceptive et extéroceptive sur l'équilibre scapulaire sont liées alors à la force des abducteurs et sont intéressantes à tester car elles permettent d'avoir une idée de la répartition du tonus postural.
Il existe très peu de référence bibliographique mettant en valeur ce testing musculaire.
Il peut se faire soit de façon unilatérale ou soit de façon bilatérale, le praticien étant positionné soit du côté à tester pour le test unilatérale ou soit derrière le patient pour le test bilatérale.
Le test unilatéral des abducteurs est le plus communément utilisé en posturologie clinique.
Ce test postural n'a jamais été validé. Il ne peut pas servir de référence à lui seul pour dépister un conflit d'origine postural.
Il doit donc être associé à des tests non opérateurs dépendants dans l'examen clinique postural et faire parti d'une routine de tests pour comprendre comment stratégiquement s'équilibre le patient.
Pratiqué unilatéralement, il répond au réflexe nucal d'après les observations cliniques de P.Guillaume mais il répond aussi à des réponses motrices particulières pour certains capteurs si on compare les réponses de celles obtenues avec le test des extenseurs.
Ainsi "lorsqu' il existe une chute de la résistance à la fois du même côté au test des abducteurs et des extenseurs regard en position primaire on peut suspecter qu'il existe un lésion mandibulaire et si c'est croisée il existe alors un problème cervical ou oculaire".
(réf posturologie ; régulation et dérèglements de le station debout P.M GAGEY B.WEBER 3ème édition MASSON )
Ces constats bibliographiques ne sont pas logiques et ne correspondent pas toujours à celles observées en clinique posturopathique.
Le test unilatérale des abducteurs répond comme le test des extenseurs à chaque temps environnemental sauf que le praticien ne teste pas les mêmes chaines musculaires.
Sans stimulation cervicale en rotation et sans version oculaire, le test des extenseurs teste des chaines musculaires antéro-post alors que le test unilatérale des abducteurs teste des chaines musculaires externes.
Pour les réponses mettant en jeu les rotations cervicales et les versions oculaires, les réponses sont invariables et dépendantes de lois réflexes.
P Guillaume confirme bien en 1988, en 1991 ainsi que Gagey et Baron en 1983 que le tonus postural répond à des lois physiologiques précises répondant au réflexe postural nucal : le tonus des extenseurs, abducteurs et rotateurs externes des membres inférieurs et des membres supérieurs répondent à un groupe synergique homolatérale (Piret et Béziers 1971) avec une hypotonie du coté où la tête est tournée ou du coté opposé à la version des yeux.
Le test unilatéral des abducteurs répond bien à ces lois neurophysiologiques.
D'ailleurs l'expérience clinique en posturopathie montre bien que ce test unilatéral donne des réponses musculaires des abducteurs conforme au réflexe nucale et à chaque condition environnementale où se situe le patient au moment du test.
Par contre au testing bilatéral, il répond à une organisation d'équilibre en chaine musculaire fermé où l'ensemble du système proprioceptif est recruté. Les chaines stimulées sont alors les chaines musculaires externes sans stratégie précise soit homolatérale ou controlatérale comme on pourrait le trouver à un temps statique de la marche.
Dans ce cas chaque capteur peut être testé et peut perturber une boucle proprioceptive localisée pouvant déstabiliser les chaines musculaires recrutées en chaine fermée. La réponse sera une réponse on/off avec en cas de baisse de force soit une baisse de force bilatérale ou soit une baisse de force unilatérale.
Le principe en chaine fermé est d'avoir une répartition de force égale pour avoir un équilibre stable.
Les réponses en rotation de tête et de version oculaires seront donc plus difficiles à objectiver car les stratégies d'équilibration seront variables et trop aléatoires. Il est donc souhaitable de tester au test bilatérale que le capteur oculaire et son versant extéroceptif visuel (yo regard droit devant), la mandibule à l'ouverture de bouche maximale sauf la diduction, l'occlusion en oim sans cal unilatérale, le capteur podal sur sol mousse, le capteur plantaire sur sol dur afin que chaque interférence sensorielle ne recrute aucun réflexe asymétrique.
La réponse de répartition de force sera alors invariable.
Il est donc préférable de tester le capteur cervicale et occulomoteur par un test unilatérale des abducteurs avec un bras de levier court ou avec un test des extenseurs quand le patient ne peut pas faire le test unilatéral des abducteurs.
En posturopathie, il est ainsi conseillé de réaliser d'abord un test bilatérale et ensuite un test unilatéral afin de neutraliser certains capteurs pouvant perturber le réflexe nucal.
Ce choix permet de ne pas faire d'erreur d'appréciation et de rendre le test plus valide.
Dans la littérature, il n'y a pas de référence de force à exercer pour évaluer le test des abducteurs.
On suppose une contraction de type isométrique ou une appréciation tonique manuel subjective plus aléatoire. L'information obtenue lors de la résistance doit être égale des 2 côtés pour considérer le test des abducteurs physiologique.
En posturopathie, il est demandé d'évaluer une force isométrique classique : application d'une force manuelle du praticien demandant une résistance en course moyenne du muscle à tester.
Le testing posturopathique des abducteurs prend comme référence une cotation de réponse motrice évaluée lors d'une technique d'évaluation musculaire manuelle classique tel que le pratique le testing internationnal de M Lacôte ou de Daniels et Wortigham.
Pour rappels, seules les cotations 4 et 5 du testing de Lacôte sont pris comme référence pour le test des abducteurs. Elles correspondent :
- pour 4 à une cotation avec une résistance max isométrique défaillante
- pour 5 à une cotation max isométrique normale et résistante
( Ces 2 cotations correspondent à la cotation "bon et normal" pour la référence de la cotation de Daniels et Worthingam)
Il est évident que si le patient testé présente une cotation à 3 d'emblée (impossibilité de résistance des abducteurs contre pesanteur) alors on peut envisager une possibilité de problème neurologique périphérique voir la présence d'un problème orthopédique du membre sup.
Il en est de même dans le cas où la cotation est à 4 quelque soit les conditions demandées sur le plan postural (la baisse de la force isométrique sera inéluctable lors d'une faible ou d'une forte résistance manuelle sans changement aux différentes conditions environnementales et l'exclusion d'un trouble orthopédique du membre sup doit etre envisagé).
L'origine du testing musculaire est ancien. Les chiropracteurs s'en servent depuis longtemps notamment JJ.Dejarnet a été l'un des pioniers du testing : dans sa méthode de traitement sacro-occipital, il reprenait le testing musculaire pour évaluer les différents étages métamériques rachidiens mais en y ajoutant un arc de sensibilisation comme font les kinésiologues. Il utilisait ainsi le test des abducteurs pour définir sa classe sacro-occipitale.
Le principe du test des abducteurs de P.Guillaume n'est donc pas celui d' un test de kinésiologie ou d'un testing chiropractique mais plutot un test d'évaluation musculaire manuel de kinésithérapie employé en neurologie périphérique où l'on considère l'influence posturale en premier lieu.
Bien employé, malgré son côté opérateur dépendant, on peut considérer le test des abducteurs comme un test de dépistage postural ou d'exclusion de conflit postural.
Venez découvrir ce test lors d'un stage de posturopathie et vous pourrez ainsi constater ses limites cliniques et son utilité.
Pour plus de renseignements , allez visiter le site de formation consacré à la posturopathie :
www.posturo-formation.com ou www.osteojeff.jimdo.com
Dans un prochain article, je vous informerai d'une variante de ce test que nous avons développé avec mon collègue Mr Michel Habif et que nous avons décrits à la 20éme journée de posturologie clinique du congrès de l'API en février 2013.
Posturopathiquement
JF HENNEBICQ ostéopathe DO